Je crois qu'on peut dire qu'on sait ce que c'est que de traverser l'enfer… euh le désert ! La vache ! Ça repousse les limites aussi dans son genre. Je parle du trajet entre Benyeou (Kazakhstan, en plein milieu du désert, steppe aride avec des arbustes bas piquants, où nous avons passé une nuit sublime, sans AUCUN moustique - faut vraiment qu'on arrête de rechercher les rivières comme des couillons !-, une température idéale - ça redescend à 29°C la nuit, sisi, avec une petite brise sèche et un peu fraîche, une lune incroyable et des couchers de soleil dont les couleurs ne tarissent jamais - ou presque), donc entre Benyeou et Noukous/Khiva en Ouzbekistan.
Amis camping cars, abstenez-vous ! Des routes défoncées comme on n'imaginerait jamais, étonnamment, sur 5 km une chaussée lisse et neuve (là on se prend à penser que c'est un mirage… qui pourrait durer ! Mais non), puis on retombe 20 cm plus bas sur la chaussée d'origine qui est pire que les micro-pistes terreuses / poussiéreuses de la steppe des bas-côtés ; je pense que même avec nos amortisseurs en béton (façon de parler !), on a du mettre le camion sans dessus-dessous 2-3 fois (pas plus problématique que ça vu notre organisation mais bon), lorsque la vigilance de Manu a baissé quelques secondes ou qu'on devait juste choisir le moins gros des trous qui se présentaient devant nous. Mais le PIRE (après les moustiques, ou avant), c'est la poussière ! On s'est mangé des sacs de poussière, les sièges et matelas imprégnés, et le temps qu'on comprenne qu'il fallait nettoyer régulièrement toutes les encadrures de portières où vient se loger rapidement une épaisseur de plus d'1 cm de poussière tout du long, on a continué à manger des nuages de poussière même quand la route était à peu près bitumée. Mais... on apprend ! :)
De temps en temps, on croise des nécropoles somptueuses sorties de nulle part...
dégonflage des pneus pour le désert
Sinon, passage de frontière Kazakhe-Ouzbèke OK en 2h, pas mal de paperasse (déclaration de biens : total de l'argent qu'on a sur nous d'un côté et de l'autre déclaration pour le camion), mais ils sont plutôt efficaces et les files d'attente bougent toutes seules (me suis fait écraser pieds et corps par des poitrines massives qui me poussaient vers l'avant, mais du coup ça avance !). Vérif de tout le chargement du camion (gros succès de la guitare à chaque fois, ils se la passent et essaient 2 secondes en rigolant) et du dessous. Et nous voilà en Ouzbékistan, toujours en plein désert.
Le tout par 40 à 43 °C (et va trouver de l'ombre dans le désert !), et un gros stress de panne d'essence (bien réel) qui nous a empêché de mettre la clim pendant 300 bornes (et 300 bornes à 40 de moyenne, c'est long). Oui parce qu'on est sortis du Kazakhstan avec seulement la moitié du réservoir plein (le pays où le diesel est le moins cher au monde je pense et de meilleure qualité), pour arriver en Ouzbekistan où ils roulent tous au gaz. On le savait bien sûr, mais une fois que tu as passé la station service sur ta route défoncée, tu as envie de tout sauf faire demi-tour (on a toujours pêché par optimisme, on le sait !!).
Donc en arrivant à la première ville après ce désert Karakalpak en Ouzbekistan juste avant Noukous (soit super loin de la frontière !), la station service indiquée par le GPS n'existait pas / plus… et nous étions sur la réserve depuis 20 min déjà. Je pense que fatigue et désespoir se lisant sur nos visages après notre journée de dingue (quand même réussi à nous baigner entre tout ça !), nous avons été hélés par Bafo, qui par chance parlait un très bon anglais et nous a conseillés de le suivre, de héler un taxi sur la route, qui nous trouverait peut être un gars qui vendait du diesel. 10 min après, nous achetions donc au black 80L de diesel "au cul" d'un garage, en profitions pour dégager les cm3 de poussières dans les portières, taper les matelas, recharger les bidons en eau (en 1 journée, nous avions avalé près de la moitié du bidon de 35 L de flotte ! En jouant avec les bouteilles au freezer, frigo et...chaudes. OUFFF ! Nous comptions passer une nuit dans le désert, mais cette fois, de l'eau partout ! Très joli paysage certes pour les yeux (des canaux, des champs, des vaches, des roseaux, des petites maisons), mais pourri pour camper sans moustiques ! On a fini par trouver de nuit (comme souvent) et se faire des pâtes hmmmmm.
Un constat réjouissant tout de même : les filles s'adaptent de façon étonnante à cet environnement sacrément hostile ! Avec des joues bien rouges et des "je veux bien la bouteille d'eau très fraîche", qui devient "je veux la bouteille d'eau congelée, avec des glaçons stp" au bout d'un certain temps, et un enthousiasme débordant dès qu'on émet la possibilité d'aller se baigner qqpart (même si les rives sont dégueulasses, franchement ils jettent bouteilles, sacs, bouffe, tout partout… très peu d'endroits où les bords de rivière ne sont pas souillés…).
Lendemain, route vers Khiva, en faisant une halte à Noukous pour reprendre des SOM (on a tout dépensé quasiment hier pour le diesel) et une carte SIM (qu'on n'arrivera pas à avoir : a priori il leur faut un passeport Ouzbek !). On fait taxi collectif pour les femmes qui attendaient à un hypothétique arrêt de bus. Partout, même dans les coins perdus, elles sont élégantes je trouve, avec un joli foulard sur la tête pour certaines, des tenues très colorées tunique - pantalon court ou robes. Pas de pb en tous cas pour nous à être en robe légère, ça ne choque personne.
On file au marché de Noukous et en chemin on échange qqs mots avec un gars qui passe le jet devant son portail et nous voilà invités à regarder la confection de beignets "samsa" dans la cour par 5-6 femmes de la famille, à l'occasion du mariage du fils le lendemain. Nous voilà présentés aux futurs mariés, invités à prendre le thé (vert très bon), accompagné de samsas tout chauds, pain, fruits (mini brugnons excellents) et fruits séchés et discutons avec Soraya, la sœur du marié qui parle très bien anglais. On ne pouvait pas rêver mieux pour notre petit dej !! Accessoirement ils nous trouvent du change, puis on passe tout de même sur le marché qui est énorme et n'a rien à envier aux nôtres en ce qui concerne les légumes… côté viandes en revanche, les carcasses de chameau et le boucher au ventre enflé qui lorgne sur Pénélope sont nettement moins avenants !!!
Bref, encore une route qui commence nickel (les routes ouzbèkes sont tout de même un peu meilleures) et qui se poursuit pourrie… 3h pour faire 150 km pour rejoindre Khiva. Avec une belle occas au milieu pour baignade et dej au détour de la traversée d'un étonnant pont flottant.
On bifurque dans un village aux maisons en terre (torchis), bordées d'arbrisseaux et de jardinets et au bord du fleuve. Super joli et surtout l'occasion unique de se plonger dans l'eau, puis de déjeuner de poisson frits (ce sont des énormes poissons, bon qui sentent un peu la vase, mais la cuisson friture très rapide laisse les morceaux très moelleux, pas mal), sur des pilotis aux tissus colorés baignés d'un petit vent au dessus de la rivière. Le pied ! Et même si encore la couleur de l'eau est plutôt approximative, on s'immerge, on se bauge avec bonheur dans cette eau que eux considèrent comme trop fraîche (on risque de tomber malades !!! Ceci dit, tous les gamins se baignent)
Du coup, nos ambitions de nuit dans le désert (qui s'avère être à 2h au NE de Khiva et non environnant Khiva comme le laisse croire le Lonely ! Khiva est au milieu des champs de coton et verdure) tombent et on décide de nous faire 2 nuits en guest house dans la vieille ville. Repos et plaisir des yeux… bien mérités !!
Ayé, on est sortis du BORDELISTAN
Enfin peut être !