Partis de Stung Treng sous une chaleur écrasante, on s'arrêtera piquer une tête avec les pêcheurs dans la première rivière boueuse sur la route.
A 70 km de Siem Reap, nous prenons en stop un hôte surprenant et émouvant : Laicheang et son destin pathétique. "Moi aussi j'avais une famille", une femme, très belle, et 2 enfants… Il parle un anglais approximatif mais compréhensible. "Ma belle mère a cassé mon mariage et m'a pris mon argent". Il est autodidacte en anglais, ex professeur d'histoire géo et on sent une grande envie d'aller de l'avant, de se sortir de cette mauvaise passe, de découvrir d'autres contrée mais dans l'unique but de reconquérir sa famille. Il nous apprend sur la dureté de la société cambodgienne (ce que nous ne pourrons jamais constater que dans des pan d'histoire, soit nationale, soit familiale) : la pauvreté entraîne un rejet social tout assumé. Il nous remerciera 10 fois (et nous paiera à boire) pour nous être arrêté le prendre en stop. Quelle chance il a eue de nous croiser, il aurait pu rester des heures sans que personne ne s'arrête sur cette route très fréquentée.
La campagne cambodgienne nous semble magnifique, chaude, colorée, aqueuse, réconfortante par rapport à celle du Laos, je ne saurai pas bien dire pourquoi (moins boueuse ? Moins poussièreuse ? Maisons plus cossues ?).
Nous nous avançons au jour déclinant vers notre mont et cascade Khulen sans conviction (mapsme nous indiquant 3h pour faire 40 km…). Nous sommes fatigués, Manu pas envie de conduire de nuit, mais assez intimement persuadés que l'endroit vaut le détour (mais pas forcément une galère de 3h by night... tels sont les arbitrages auxquels nous sommes confrontés en arrivant dans un pays inconnu...). Un peu tendus, on continue "pour voir". On se retrouve à passer une barrière (de nuit personne pour nous empêcher de passer - nous apprendrons ensuite que le droit d'entrée du Phnom Khulen est de 20$/pers, mais Charlie Popette ne demande pas son reste) et sur une piste fort correcte à travers la végétation, les rochers et les cours d'eau qui promet d'être sublime de jour et fascinante de nuit. Ca y est, nous sommes convaincus de notre itinéraire. Nous croiserons en haut du mont plusieurs panneaux indiquant cascade, big bouddha (un superbe bouddha couché sculpté en haut d'une roche et au milieu des arbres), temple aux éléphants… ça promet ! Nous dormirons sur un bord de rivière ahhhhhhh….
Le lendemain nous voilà partis pour une longue balade sous un soleil de plomb sur les roches lisses d'abord, le sable, les ruisseaux puis la jungle ensuite pour atteindre 1 splendide éléphant de pierre (et qqs autres lions usés par les vents) sous une végétation agréable.
Puis bouddha et bestiaire hindou le long d'un escalier royal, pic nic et cascades et la baignade tant attendue. Quelle belle introduction au Cambodge, nous sommes comblés ! Notre instinct nous aura bien servi sur ce coup là.
