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Shiraz : coup de coeur ! la magie et le faste des contes de l'Orient

Mausolée de Hafez sera notre première étape et non loin de la tombe du poète où la perse entière semble se recueillir à la nuit tombée (peut être aussi parce que nous étions jeudi soir veille de grand we), nous rencontrons Ali Reza et ses moustaches d'artiste et Sharzade l'artiste architecte (oui nous sommes vraiment dans un conte…) et leur fille Diba. Nous ne nous quitterons plus jusqu'au lendemain matin. De discussions en discussions, ils nous emmènent manger une glace (au lait concentré sucré selon les filles) et du Faludeh (vermicelles d'amidon glacé et sucré avec un jus de citron ou de rose, au choix, spécialité d'ici) , puis devant la citadelle de Karim Kahn et marcher dans les ruelles de très vieilles maisons de briques sables aux balcons parfois défonsés le long du bazaar, puis sur la tombe de l'autre fameux poète Saadi (Sharzade nous fait la lecture en persan des poèmes qui ornent les murs à la demande de Salomé, l'atmosphère est mystique et un peu survoltée, joyeuse et cette belle langue rapeuse sonne doux à nos oreilles comme un chant exotique), puis manger un burger (maousse) dans la ville moderne après la porte du Coran (tout cela dans des embouteillages monstres, mais nous ne voyons pas le temps passé tant nous apprenons sur la ville et le pays), pour atterrir sur de grands matelas dans le salon de l'appartement de la mère de Sharzade qu'ils occupent en attendant la rénovation de leur maison. Appartement cosy tout neuf et tout confort où nous prenons douche et un copieux petit dej le lendemain avant qu'Ali Reza ne parte travailler (pain tout chaud, fromage frais, beurre, miel, confiture de fraises maison mamma mia !, œuf et thé aux pétales de fleurs d'oranger de la confection de Sharzade hmmm). Nous nous sentons bien avec eux, la conversation est fluide et passionnante, nous avons réellement l'impression d'appartenir à un même monde et pourtant… Nous converserons jusqu'à 1h du matin, puis 11h le lendemain sur tout et sur la vie en Iran en particulier, le contexte national et international, la religion, et les projets de nos amis qui se dessinent plutôt en dehors de leur pays…. Inchallah comme on dit…

Puis nous partons visiter la mosquée rose, de Nasir ol Molk, le monument qui nous aura le plus plu dans cette ville riche de merveilles architecturales. Une guide nous expliquera patiemment le mausolée (où d'avoir des miroirs contrairement aux lieux de culte) et la mosquée, la salle de prière splendide et cette couleur rose dominante si inhabituelle dans les mosquées de cette zone, toutes en nuances de bleus (réveillés par du jaune), la représentation des églises dans les 2 iwans, les vitraux des portes en bois dont les couleurs se reflètent sur le sol en mosaïque bleue…

Puis, 2ème endroit magique, le Naranjestan, dont le nom évoque les orangers qui peuplent le jardin splendide et fleuri et ce palais incroyable de couleurs, de murs ornés de stucs peints, de plafonds de bois aux couleurs et représentations pimpantes, les salles de réception toute en miroirs formant des motifs géométriques et colorés. Sublime !! C'est pour ça qu'on aime l'Iran ! Que de richesses dans les jardins, palais, maisons de thé, un régal pour les pupilles…

Puis nous passerons (en hijab pour moi, ce qui fera bien marrer les filles qui passeront leur temps à s'enrouler dedans, par le gigantesque mausolée de Cheragh, haut lieu de pèlerinage, puis balade dans le souk très beau et la mosquée Vakil. Quelques jeux dans un parc où finalement nous ne dormirons pas, avec 2 petits belges en vadrouille.

La journée suivante sera consacrée aux cafés et jardins : petit dej savoureux au café Feloussi (une tuerie ! French toasts comme à la maison, voire meilleurs, latte parfait, omelette aux poivrons et tomate hmmm et décoré hype, vynils et dessins de gramophones, super chouette), puis le café d'Ali, tout près de la mosquée Vakil, au premier étage d'un vieil appartement, mobilier d'époque, superbe… Alpagués par Ali, nous reprenons un café et ne pouvons décliner son invitation instante à rester un peu plus à Shiraz et à dormir chez lui… Il nous balade dans les allées du bazar ensuite et nous faisons des emplettes (safran, poivre, boutons de rose pour le thé, boîte à bijou en marqueterie dorée), arrivons sur un caravansérail réaménagé en place commerciale où les filles sont embauchées pour poinçonner le cuivre, puis débarquons dans une maison de thé sublime, une maison vieille de 200 ans, toute de briques, de boiseries ciselées, de fontaines, de fenêtres de boi et vitraux et pièces décorées du sol au plafond de petits miroirs. Nous y fumons la chicha avec Ali. Tout y est beau, même la famille propriétaire. Ali nous ouvre ensuite les portes du jardin privé Al Hili, selon lui plus beau qu'Eram avec ces arbres cyprés centenaires, ses arbres fruitiers (erguils notamment, qui ressemblent à des nèfles), ses fleurs (roses et autres) et ses bassins, le long d'une splendide bâtisse blanche aux graphismes bleus tout en courbes et fines colonnes soutenant l'étage).

Nous passons le diner chez Ali et sa petite sœur Hedieh (une ado de 12 ans, qui nous accueille avec un "tu aimes le hijab ?", je réponds non en rigolant, elle rétorque "moi non plus, et je n'aime pas l'Iran") et ses parents, Mansoure (une belle femme qui paraît jeune… eh oui, elle a mon âge… et un fils de 20 ans !) et Hossein, qui déplore les conditions de vie d'avant la Révolution. Trop d'interdits globalement, et leur pays en souffre, pas seulement les individus, mais l'économie toute entière... Le repas est délicieux, Mansoure nous a cuisiné un sheved boghele, un plat traditionnel de Shiraz : poulet oignon et safran, riz aux fèves et à l'aneth. Ils ont vraiment à cœur de partager les bonnes choses de leur culture.

A la manière qu'ils ont d'insister pour nous inviter chez eux, au naturel avec lequel ils nous reçoivent, à l'envie qu'ils ont de nous faire partager les bonnes choses de leur culture, aux discussions franches que nous avons ensemble, nous avons l'impression de leur apporter une bouffée d'air frais… C'est émouvant et peu réjouissant quant au devenir de leur pays et de cette population qui s'est tant de fois soulevée contre les régimes en place, sans parvenir à instaurer la liberté à laquelle ils aspirent. Sur notre camion, écrit dans la poussière, nous avons retrouvé un soir "freedom is priceless"…

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