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Isfahan la reine bleue, au rythme de rencontres

Nous arrivons à Ispahan par Jolfa, le quartier arménien où nous trouvons une place tranquille dans un dédale de ruelles de ce quartier plus détendu de la ville. A peine sortis du camion, nous sommes hélés par une jeune femme qui habite en face, seule (fait notable ici, ça ne se fait pas). Nous passerons nos 3 soirées et nuits à Ispahan chez Talla, qui travaille dans une pharmacie en face du pont XXXX? . Talla nous invite instantanément à déjeuner ce qu'elle s'était préparé (chebeh sabzi,une soupe délicieuse aux nouilles, légumes frais et secs + friture d'oignons et menthe + une espèce de fromage le kashk). Tala, à 38 ans, ne souhaite ni vivre chez ses parents (pour avoir des moments d'intimité avec son petit ami), ni se marier (sa condition alors s'en verrait dégradée en termes de libertés - déjà restreintes, d'autant que son ami projette peut être d'émigrer aux USA avec sa famille). On ne s'imagine pas comme il peut être difficile de s'imaginer un avenir dans certains contextes… Elle nous accueille avec une grande gentillesse et générosité, et simplement, nous passant ses clés lorsque nous souhaitons nous reposer, partageant ses repas et son petit souplexe cosy. Et franchement, les nuits frôlant le zéro degrés ces jours ci, nous acceptons avec bonheur cet hébergement dans un salon bien chauffé :)).

Le rythme des journées est implacable car nous adoptons le rythme iranien, mais sans la pause de midi (qui dure le 12h30 à 16h) : soit sur pied pour 9h et encore debout à minuit voire plus, pour profiter des soirées printanières… Dur dur !

1ere journée consacrée à flâner autour des 3 vieux ponts et maisons de thé et balade dans les riches et charmants quartiers aux alentours (bien agréables ces beaux immeubles voire villas qui se succèdent sans logique architecturale aucune de part et d'autre d'une voie avec en son centre un canal bordé d'arbres - canal sans eau… tout comme la rivière d'ailleurs, qui a été détournée par Khomeini pour aller arroser Yazd dont il était originaire !!!).

2ème journée : palais Chehel Sotun et ses 20 piliers de bois sculptés et ses peintures raffinées, immersion dans la place Nashq-e Jahan (rebaptisée place de l'imam...ce qui a le dont d'énerver notre amie :) : mosquée Sheikh Lotfollah et son dôme crème rosé de toute beauté, mosquée de l'imam, majestueuse et ses jardins tout en fraîcheur verte et rose, palais d'Ali Qapu, superbe et d'où l'on admire toute la place du haut de son 6ème étage… une invitation à boire un thé par un vieux monsieur qui nous serine "thank you" et "good" les 2 seuls mots de son vocabulaire anglais et qui nous prend la main à tour de rôle avant de nous envoyer admirer les tissus imprimés au tampon (que Pénélope trouve "très intéressants").

3ème jour consacré à la visite du vieux Ispahan entraînés Morteza (rencontré la veille dans un parc - son vélo a failli percuter les filles dans un parc !) : nous parcourons des kms de galeries dans le bazar e bozorg, hautes et basses, de briques claires ou sombres, goûtant au passage absolument toutes les spécialités de la ville et du pays (beriyani fameux dans le plus vieil établissement de la ville, bondé !, fromages secs, sorte de confiture de lait acre, fruits acides, beignets cannelle, jus de carotte, jus de cerises et dattes offertes en mémoire des défunts, le délicieux ferini - yaourt au jus de dattes…). Ce bazar semble innerver toute la ville, nous amenant sur des places, des caravansérails et le vieux Isfahan, lieu de l'enfance de notre ami. Celui-ci à la fois nous gâte (no Tarof with me, I have a good revenue, I'm half american, I invite you all day… et rien à faire, nous ne parviendrons pas à payer quoi que ce soit de notre poche) et nous confie de nombreuses anecdotes sur la ville, ses habitants et son histoire, les très vieilles maisons splendides et détruites de ce quartier (totalement délaissé des touristes et devenu pauvre), les gigantesques portes de bois et métal ainsi que les étroits corridors plus ou moins longs menant aux maisons, comme des passages secrets, ayant pour vocation de protéger les habitants des voyous et gangs (la période des mafias de villages date d'avant le Shah Reza, père du dernier shah), une cour restaurée entourée d'ateliers d'artisans (mosaïque et fer forgé)… Géniale cette plongée dans l'histoire d'une famille de 11 enfants nés à Isfahan et la vie des habitants d'hier et d'aujourd'hui ! Ce que l'on retiendra : la volonté de tous les iraniens que l'on rencontre de propager une image positive de leur pays pour le faire connaître et attirer les touristes et sortir du marasme économique… Impressionnant ! Leur discours est un discours fraternel et ils souffrent terriblement 1. de la crise économique, 2. de leur image de mauvais aux yeux du monde et n'ont de cesse de prouver le contraire (et ils le font avec un naturel déconcertant, tant de générosité et de bienveillance est presque louche pour nous occidentaux…), 3. les femmes surtout - d'un manque de liberté et de possibilités de s'amuser insupportable.

Le soir, éreintés d'avoir déambulé 15 km, abreuvés d'histoires de notre ami intarissable et sans trop d'appétit, nous rejoignons Talla et Kamiar pour un barbecue maison, bravant les voisins suspicieux. Nous nous régalons du succulent riz iranien au safran, groseilles et amandes préparé par notre cordon bleu et brochettes d'agneau, en buvant de la bière (artisanale au marché noir noir, 14° whouhouuu). Il faut vraiment que l'on sorte de cette ville, nous ne tenons plus le rythme !!

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