top of page

Kandovan & Tabriz, ça creuse et ça bouillonne (jus de cerveau) !

  • Albane
  • 12 mai 2018
  • 4 min de lecture

La campagne est verte, vallonnée et agréable mais le ciel capricieux et nous avons juste le temps de faire notre dîner devant un panorama éclairé par les éclairs avant de nous réfugier dans le camion pour dormir. Le lendemain est pluvieux mais ne nous empêchera pas de nous balader dans le parc Elgoli au Sud de Tabriz, plutôt agréable avec son resto jolie réplique d'un palais qadjar sur l'eau, puis de nous faufiler entre les rochers maisons de Kandovan, à une cinquantaine de km au S. Le village est étonnant, jamais vu de pareilles formations rocheuses pointues et trouées, abritant habitations, boutiques ou mini étables au sol tapissé de paille. Le site est vraiment chouette, et accueille encore plein de visiteurs qui pique niquent partout, en particulier sur le bord de la route. Les iraniens pique-niquent par tous les temps, qu'il pleuve ou qu'il vente, ils sortent les tapis et tout l'attirail pour un déjeuner comme à la maison, se couvrent de lainages et commencent à festoyer, pendant des heures (enchainant après la bouffe, le thé et les gâteaux). Nous partons dès l'exploration de ruelles escaliers finie pour éviter les embouteillages de fin de journée et de fin de we.

Tabriz, nous commençons par rayer la voiture (léger) dans les quartiers nords et pourris de Tabriz dont les rues se rétrécissent au fur et à mesure pour devenir des ruelles voire des venelles (on passe partout mais qd même), du coup on met le cap plus au Sud où on trouve un coin parfait pour dormir, près d'un espace vert abandonné, immeubles cossus et au calme. Nous commençons la journée par discuter (enfin Manu surtout) en français avec un érudit qui a écrit 14 livres sur la littérature et religion et nous amène au centre ville. Nous passerons la matinée à papoter avec des gens (jeunes, vieux) de nous et d'eux, de politique internationale (actualité oblige) et de l'immense incertitude qui régit la vie des iraniens ces jours-ci : leur monnaie se dévalue de jour en jour et les décisions de Trump et autres tiennent le Rial iranien en otage : ils n'osent plus consommer ou épargner, ne sachant ce que leur réserve le taux de conversion du lendemain. Excellent café latte dans un super endroit sous une mansarde, musique jazzy et Zaz, à discuter avec 3 jeunes étudiants / entrepreneurs. On approche le bazard et la Mosquée bleue (grandiose batisse mais qui a perdu ses couleurs), on change des sous (1 $ à 62 000 Rials… pffff), on rejoint Greg, un jeune pompier rencontré à Kashan et qui se trouve être en même temps que nous à Tabriz, pour déguster des Tabrizi Köfte (boulette de viande mixée à des herbes et pruneaux, excellent), une belle maison transformée en musée de porcelaine et autres objets (clin d'œil au service en cristal rouge que certains reconnaîtront), puis à la recherche de drapeaux autocollants extérieurs pour la voiture… on finit par trouver ! Le soir, nous nous rendons à l'invitation à dîner de Babak que nous avions rencontré le matin. L'accueil est souriant, adorable comme toujours entre la mère et les 3 enfants, Babak l'ainé, Mittrah la sœur et Ali Reza le petit dernier en études de droit qui conquiert les filles. La cuisine est fameuse :). Bien sûr nous resterons pour la nuit et le petit dej du lendemain !

Arpentons le beau et gigantesque et interminable bazar plein de vie, les cours s'enchaînent pour un défilé de portes et fenêtres de bois toujours plus larges et élégantes tout en courbures végétales rappelant l'Art Nouveau. Fascinée par les portes monumentales de bois massif, parfois colorées, de fines grilles de fer forgé ornant délicatement le haut courbe de l'ouverture en forme de demi-cercle, trouées dans les immenses édifices de briques claires sur 2 niveaux.

Un minuscule Café à Tabriz où nous passerons quelques heurs à discuter de tout avec des tout juste trentenaires se retrouvant pour papoter à l'iranienne, se racontant leur vie, discutant de films, de la monnaie qui se dévalue dangereusement et de leur avenir qui se joue ailleurs de jour en jour, de leurs incertitudes, de leurs rêves de voyages mais toujours joyeux et philosophes. Quand manu revient avec tous nos drapeaux imprimés, ils les connaissent bien mieux que nous ! Etonnamment cultivés ces jeunes adultes. Ce que les cafés philo ou politiques ont perdu à Paris de tensions et de spontanéité (j'avoue n'y avoir jamais mis les pieds - peut être par peur de ne pas être assez cultivée, mais j'ai lu Boris Vian et JP Sartre ! Ici, le simple fait de venir de France et de voyager est un Césame, nous rendant de fait dignes d'intérêt et d'admiration (incroyablement courageux et paraissant tellement libres)… OK nous pouvons douter de notre avenir économique et de nos retraites de fourmis en France, mais eux ne savent même pas ce qui peut se passer le lendemain (et nous ne parlons pas de dans 4 mois ni de la météo qui est fort changeate à Tabriz, pluvieuse un jour, chaude et pleine de soleil l'autre jour). En attendant, bon pour le régime, l'incertitude neutralise toute action…

Dej de 16h chez notre nouvelle famille tabrizi (nous n'avons pas pu faire autre chose que négocier l'horaire, ayant quitté le petit dej à 10h :). Succulente soupe de légumineuses, verdure et pâtes (asht e reshte), yaourt à l'ail, poulet aux haricots ronds et tomates et riz) et nous nous extrayons de justesse à l'hospitalité insistante de nos hôte s qui nous exortent à passer 4 jours au moins avec eux, l'estomac débordant si bien que nous ne songeons même pas à acheter un melon pour le petit dej du lendemain (leurs melons sont divins, leur odeur sucrée nous accompagne les narines longtemps après avoir passé la cariole les contenant !).

© par la familia BRUZ. Créé avec Wix.com

  • b-facebook
bottom of page