Hattusha
D'abord nous avons fait la généreuse acquisition d'un tapis kurde tissé à la main par les femmes du village représentant un arbre de vie. Ce tapis me plaisait bien avec ses coloris vifs et verts à l'image des collines environnantes. Brillamment négocié par le chef du village himself, nous promettant que l'argent irait aux tisserandes directement, nous finissons à 50$ - rapport aux 110$ annoncés, soit le prix que nous nous étions fixé pour faire une bonne action sans trop y laisser de plumes… Notez que nous avons eu le bon goût de ne jamais mentionner ce qui nous sert d'étalon, à savoir le prix des tapis achetés chez Ikea ; pardon de comparer l'incomparable, mais on ne peut ignorer le confort que peut apporter la production de masse ! Nous n'y connaissons pas grand-chose en tapis, mais ces kilims sont beaux et bien faits.
Sur le site, nous faisons une géniale balade de 7 km, sous un ciel printanier et au son des chants d'oiseaux, dans les collines au milieu des rochers blancs, des vaches, des oies et des ruines de cette très très ancienne cité hittite qui nous ramène au temps des caverne et des pharaons. Quelques impressionnants couloirs de pierre sombres et frais, brouillant les niveaux de la ville, portes sculptées de lions et sphinx, hiéroglyphes. Discussion surréaliste d'éducation oiseuse :) avec le paysan promenant ses oies et leur toute fraîche famille nombreuse.
Cappadoce : dès que nous arrivons en fin d'après midi, nous comprenons pourquoi la Capadoce figure sur tous les itinéraires des tours opérateurs turcs…
Roches arc-en-ciel à dominante jaune et rose (bi-goût !), le décor semble sorti tout droit du magicien d'Oz… Cônes clairs creusés d'orifices arrondis ouvrant sur des cavités communicantes, cheminées terminées de chapeaux côniques. Pas de doute, nous sommes chez les fées !
Le panorama sur une mer de reliefs rocheux aux arêtes acérées, épines dorsales saillantes et flancs arrondis est époustouflant et, l'horizon s'étirant sur des kms, nous voyons arriver sur nous l'orage bleu nuit, ses rafales de vent et d'eau.
Le lendemain, quand nous ouvrons les yeux à 5h, les premières images que nous avons sont les premiers ballons autour du camion s'éclairant de l'intérieur comme des lanternes colorées avant de s'élancer vers le ciel… Ce spectacle est magique avec les premières lueurs du soleil, le ciel passant du bleu sombre encore plein de nuit au bleu acier en passant par le orange de l'aube, les ballons multicolores effectuant des translations horizontales dans les canyons ou verticales, s'éclairant de temps à autres laissant apercevoir des flammes de feu de st Jean.
Les yeux encore pleins de bulles multicolores, nous nous jetons à jambes perdues dans une promenade de 10 km de montagnes russes entre ces roches aux formes incroyables, rochers coniques et pointus, abritant parfois une église ou une mosquée encore peinte, longs tunnels étroits creusés dans la roche blanche (le clou de la balade pour les filles), on croise une habitation d'un ermite qui a élu domicile chez les fées, et on est seuls au monde dans ce paysage surréel, tels des Dorothy faisant des bouquet de fleurs sauvages (parenthèse botanique : jamais vu autant de coquelicots différents : rouge sang, orange, violet violine, violet quasi noir).
La fatigue aura tout de même raison des filles et nous optons pour un brunch dans le très touristique (mais très tranquille en ce moment - merci le Ramadan !!) et charmant village de Ushiçar, enroulé autour d'un pic rocheux abritant une ancienne cité souterraine… On se gave de confitures de fraise et de raisins avec du fromage blanc.
C'est après que notre vie va basculer… de 5, nous passerons à 6… une petite tortue d'à peine 10 cm de long n'aurait jamais du croiser le chemin de Pénélope… Atatürk (ou comme dirait Salomé, Tata turque) nous la nommerons, pour qu'elle se souvienne toujours de ses origines !
